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Une « espèce de folie passagère » aurait été, selon certains, à l’origine de la tragédie du mois de septembre 2007. Peut-être, mais est-ce bien certain ? Et de poursuivre en stigmatisant la « responsabilité des propriétaires », leur « négligence » et leur « méconnaissance de la race », tout en admettant l’apparition de « défauts de caractère liés à l’éducation ». Sur quels critères se base-t-on pour lancer de telles affirmations péremptoires, alors même que les circonstances du drame n’ont pas été élucidées ? Face à de telles prises de position, comment ne pas comprendre les réactions, de peur, de culpabilité, voire d’abandon ? Sans partager ces réactions, comment rompre avec la logique du « yaka – faukon » et les effets d’annonce démagogiques ? Le débat sur le comportement et l’éducation est à présent devenu incontournable : aussi bien ceux des chiens et de leurs maîtres que ceux des éleveurs et associations cynophiles. Souhaitons qu’il puisse être mené avec sérénité, volonté d’écoute et esprit d’ouverture. LE DOGUE ALLEMAND EST - IL SOLUBLE DANS LA LEGISLATION SUR LES CHIENS DANGEREUX ? Certains ont poussé un ouf de soulagement en apprenant que le ministère de l’intérieur n’envisageait pas de faire entrer le dogue dans la classification des chiens de seconde catégorie. Dès le 30 août 2007, une note de la Ministre fixait les objectifs : « renforcement du contrôle des aptitudes à la détention des propriétaires de chiens (dangereux) et du comportement de ces derniers au regard de la sécurité des personnes ». Et le cap est maintenu : le « permis à poil » (cf. canard enchaîné du 26 septembre 2007) sera examiné par le Parlement et l’évaluation comportementale peut à présent être réalisée. Pour autant, le dogue allemand est-il passé entre les mailles du filet ? Oui, pour le moment, c’est promis, juré on ne va pas l’assimiler aux staffs, rottweiller ou autres pit-bulls. L’option qui a été prise consiste à ne pas à intégrer de nouvelles races de chiens dans les catégories dites dangereuses, mais à renforcer les obligations pesant sur leurs maîtres, lesquels, soit dit en passant, doivent être ravis. Un simple ajout à la liste initialement fixée par arrêté du ministre de l’agriculture peut faire basculer le dogue dans une catégorie de chiens dits dangereux. Oui, mais pour combien de temps ? Si par malheur, un autre dogue était impliqué dans un drame ? Une loi ne serait pas nécessaire pour le faire basculer ipso facto dans la catégorie des chiens d’attaque ou de garde et de défense : une simple modification de l’arrêté du 27 avril 1999 conduirait son propriétaire à devoir être fiché et spécialement assuré, ainsi que son chien contraint à porter muselière etc.… Tout drame particulier appelle une mesure générale, telle est la règle à présent … Qu’en est-il de l’évaluation comportementale, passée relativement inaperçue, car inapplicable avant l’intervention du décret du 6 septembre 2007 et de l’arrêté du 10 du même mois ? A priori cette disposition, issue de la loi du 5 mars 2007, semble plutôt favorable aux propriétaires de chiens dangereux, puisqu’on peut penser qu’avant de les embastiller ou de les occire, leur comportement pourra dorénavant être examiné par un professionnel. Sauf que le nouvel article 211-14-1 du code rural est issu de la loi sur « la prévention de la délinquance ». L’intégration de l’évaluation comportementale dans une loi de cette nature n’est pas neutre quant aux objectifs recherchés, loin de là … Le texte indique clairement que l’évaluation concerne tous les chiens désignés par le maire en application de l’article 211-11. Celui-ci vise tout animal susceptible de présenter un danger pour les personnes ou les animaux domestiques, « compte tenu de ses modalités de garde » et donc pas uniquement les « affreux », relégués dans les ghettos de première et seconde catégorie. Loin de constituer une garantie nouvelle, l’évaluation comportementale, telle qu’elle est conçue, risque au contraire de servir de prétexte pour imposer insidieusement de nouvelles contraintes. En d’autres termes, dès lors qu’un maire estime, d’initiative ou sur dénonciation (puisque le texte indique qu’il peut être saisi par toute « personne concernée »), qu’un chien quelle que soit sa race est susceptible d’être dangereux, toujours compte tenu de ses fameuses « modalités de garde », il peut faire injonction au propriétaire de prendre des mesures préventives et, éventuellement, imposer une évaluation comportementale. Cette dernière a pour objet, précise le décret, « d’apprécier le danger potentiel que peut représenter un chien » (sic !). On peut comprendre que certains vétérinaires puissent éprouver des réticences à être désignés comme évaluateurs… Quel vétérinaire qui se verra déférer un dogue aux fins d’investigation, prendra le risque, notamment au vu de l’actualité, de le déclarer indemne de tout potentiel de dangerosité ? Et de façon plus générale, existe-t-il un chien susceptible de ne présenter aucun danger potentiel ? N’oublions pas que cette évaluation ne constitue qu’une possibilité parmi d’autres dans la palette des mesures dites préventives et que l’animal peut être placé en dépôt, voire « euthanasié », en cas d’inobservation des prescriptions édictées ou dans l’hypothèse où il présenterait un danger grave et immédiat. Il est à présent évident que les drames ne touchent plus seulement les banlieues. Des races non mises à l’index peuvent être impliquées et des populations autres que celles considérées jusqu’alors comme étant potentiellement délinquantes sont à présent concernées. Les politiques ont intégré le fait que l’extension du « ghetto » des chiens dangereux ne constituait pas une réponse adaptée. Celle actuellement en préparation, l’est-elle pour autant ? Ne participe-t-elle pas en réalité à une logique de création d’un pallier supplémentaire dans l’escalade sécuritaire et discriminante ? Le risque zéro n’existe pas, un chien, (rottweiler, dogue ou basset) est et reste un prédateur (tout comme l’homme, d’ailleurs). A chacun d’entre nous de faire preuve de vigilance ainsi que de responsabilité individuelles et citoyennes. |
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1) Ne viens pas près de
moi sans demander l'autorisation de mon maître.
2) Ne me
touche pas quand je suis attaché (par exemple devant un magasin)
3) Ne me touche pas si je me
suis réfugié sous un meuble.
4) Aucun chien ne ressemble à
un autre !
5) Ne t'approches pas de moi
en courant.
6) Ne m'excite pas des cris violents
et des gestes désordonnés.
7) Ne me réveille jamais
brusquement quand je dors.
8) Ne me regarde pas droit dans
les yeux.
9) Ne me dérange pas quand
je mange.
10) Quelques conseils.
Source : Josianne Pirard - EduCanin
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(english) Spaniel Springer, (german)
Dogs & Rotten’bull
Afin d’apporter une autre bribe à la discussion sur les chiens mordeurs d’enfants, voici quelques conclusions d’une étude américaine (1). Les chiens y inclus ont été vus en consultation de pathologie comportementale à l’université vétérinaire de Pennsylvanie entre janvier 2002 et décembre 2005 (ceci dit tous les propriétaires de chiens mordeurs ne les présentent pas dans un service semblable). Les enfants : 31% de moins de 6 ans, 69% de 7 à 17 ans, autant de filles que de garçons. Les circonstances : Les enfants du foyer : 26% lors de conflits territoriaux ou autour de la nourriture, 18% lors d’interactions anodines (caresses, parler à l’animal etc). Les enfants étrangers au foyer : 28% lors de l’intrusion territoriale (dont 19% sans interaction avec le chien). Seulement 19% des agressions ont lieu en dehors du territoire. Les enfants de moins de 6 ans sont plus souvent mordus dans un contexte de défense de la nourriture ou des ressources (44%) ou parce qu’ils ont initié une interaction aversive ou algogène (créant de la douleur), comme une chute sur le chien (18%). Les chiens : 75% de mâles, 25% de femelles. Tous les animaux (108 individus de 41 races), hormis 4 mâles et 3 femelles étaient stérilisés (situation totalement incomparable avec la population canine en France). Les races : 9% English Springer Spaniel, 9% Berger Allemand, 5% Labrador Retriever, 5% Golden Retriever, 4% American Cocker Spaniel. 81% des chiens avaient déjà mordu des enfants : 15% deux fois, 18% trois fois, 13% quatre fois, 24% plus de cinq fois. 2/3 des chiens avaient reçu une éducation à l’obéissance (!!). 50% des chiens souffraient d’une affection somatique potentiellement douloureuse ( !!!), dont 20% d’une maladie locomotrice (arthrose etc) suivie d’affections cutanées (tumeurs), oculaires, métaboliques endocriniennes, infectieuses. Discussion : Si 66% des chiens étaient à leur premier « forfait », tous présentaient des troubles du comportement identifiables au préalable, dont postures menaçantes en particulier. Par ailleurs, si les conflits, sociaux principalement, concernent d’avantage les chiens de plus d’un an, ceux qui surviennent dans un contexte de douleur ou de défense de la nourriture sont aussi observés chez les animaux plus jeunes. 77% des chiens présentaient un tableau clinique d’anxiété : ils avaient souvent par le passé manifesté des comportements de frayeur en cas de bruits inhabituels ou lors de séparation d’avec leur propriétaires. Pour les auteurs, ces chiens sont les plus dangereux pour les jeunes enfants, car ils ont tendance à suragir à leurs cris aigus, leurs mouvements soudains ou à des interactions inhabituelles. 50% des mordeurs souffraient d’affections douloureuses (néanmoins aucune comparaison n’est possible avec un échantillon témoin équivalent). La stérilisation (on le constate à nouveau) n’est pas un rempart contre les conduites agressives, particulièrement en ce qui concerne les conflits territoriaux. En dehors de la surreprésentation de l’English Springel Spaniel (d’ailleurs déjà signalée dans d’autres études nord-américaines) aucune conclusion ne peut être tirée en ce qui concerne les races (échantillon trop petit). Conclusions à tirer : Il faut systématiquement, chez le chien mordeur, chercher une éventuelle affection douloureuse. Aucune menace, même provenant d’un chiot ne devra être tolérée. Les parents de jeunes enfants préféreront une chienne à un chien. Un comportement anxieux fera l’objet d’une évaluation par un vétérinaire qui décidera ou non de référer à un confrère comportementaliste spécialisé. Un chien malade, aigu ou chronique, serait mieux tenu à l’écart des enfants (ou les enfants à l’écart du chien …). Et, faut-il encore le répéter, on ne laisse JAMAIS un jeune enfant seul avec un chien. Discussion personnelle Bien sûr, cette étude est forcément biaisée, puisqu’il s’agit de chiens vus en consultation spécialisée du comportement. Le délinquant potentiel et son Rottobull de première catégorie n’y figurent pas. Pas plus que le propriétaire inconscient d’un Yorkshire niaqueur (« regardez comme il est mignon, il se prend pour un lion … ») qui aura des surprises avec son prochain chien, un bâtard recueilli à la SPA, pesant 25 Kg et qui avec ce genre d’éducation finira vite fait dans le congélateur du vétérinaire après la première morsure. Mais tout de même : serait-il plus dangereux de faire cohabiter nos enfants ave un vieux Springer arthrosique et castré ou avec une chienne Rottweiller sociabilisée et donc sûre d’elle, suivie régulièrement par son vétérinaire ? Et à quand une étude sur le profil des propriétaires ? Est-ce que le chien mordeur est leur premier chien ? Est-ce que les autres avaient déjà mordu ? Quelle est « l’utilisation » qu’ils en font (chasse, garde, loisir sportif, compagnie pure ou ersatz d’enfant) ? Les réponses à toutes ce questions permettraient peut-être de mieux cerner les couples chien/propriétaire présentant des dangers qu’une mise à l’index de certaines races, voire des critères morphologiques comme le poids. Docteur Salomé WEINGARTEN, vétérinaire aux Saintes Maries de la Mer ________________________ 1. NDLR : le Dr Weingarten est
fondé à décliner toute responsabilité quant
à l’intitulé donné à sa contribution, lequel
a été arbitrairement arrêté par un directeur
de publication, soixante-huitard attardé …
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Les sens du
chien
En tant que femme instruite des lois, mais également cynophile confirmée, je ne puis échappée du débat du chien dangereux, et quand Notre Présidence me contacte pour un article sur ce thème dans la revue des Amis d’Al et bien voilà ce que je rédige : On pourra bien décider au Parlement de toutes les lois qu’on veut…. On ne changera rien, tant que les propriétaires de chien(s), et plus globalement les gens qui aiment les chiens n’accepteront pas de remettre en cause quelque a priori… Je m’explique : Pour moi le vrai débat du chien dangereux se situe ailleurs que dans la loi… Et dans un ailleurs dont je vais vous surprendre en l’examinant…. Cela commence par une anecdote : L’autre jour je suis à la boulangerie en compagnie d’un de mes bergers Tervuren quand une Dame s’adresse à moi en ces termes « Excusez moi Madame, mon fils peut-il caresser votre chien ? … Malgré la courtoisie de la Dame je lui réponds : Ah désolée, mais non on ne peut pas caresser mon chien. La Dame me demande alors : Est il dangereux ? Et moi de lui répondre encore : Non il est très gentil, mais je ne veux pas qu’on le caresse. La Dame scandalisée : Mais c’est du n’importe quoi, je suis éleveur de chiens et je peux vous garantir que vous allez rendre cet animal TRES dangereux en vous y prenant comme cela. Car, pour sociabiliser un chien il faut le laisser se faire caresser par les enfants, ce sont des chiens comme le vôtre qui n’ont jamais d’affection des êtres humains qui deviennent dangereux… » A l’entendre j’étais reléguée au rang des maîtres indignes, de ces gens qu’il faut « former »…. Pourtant à mon sens, s’il y avait une culture générale de ne pas toucher le chien d’autrui comme cela se pratiquait quarante ans en arrière dans les campagnes, on aurait moins de problèmes et d’accidents, qu’avec la culture actuelle du chien qui doit être touché par tout le monde sous motif de socialisation… Ce n’est pas chez le chien ni dans la loi qu’il y a un problème… C’est chez le maître ! Il n’y a qu’à voir le développement des écoles comportementalistes et le nombre de programmes d’éducation diffusés avec chacun son style : je ne regarde pas mon chien pour qu’il s’intéresse à moi, je fais du clickers, je fais des signaux comme à bord d’un porte avion… Combien ont ce type de convictions : Je suis le dominant et mon chien doit être le dominé, donc je passe la porte en premier, je mange en premier, je me mets sur le canapé et pas le chien … J’ai même vu une horreur : Une femme qui faisait faire du cheval à sa gosse de trois ans sur un chien loup slave au motif qu’ainsi la gosse dominait le chien et qu’elle ne risquerait jamais rien avec lui. C’était l’éleveur qui le lui avait dit… Faut-il être mercantile ou ignare pour ancrer dans l’esprit des gens des concepts aussi ahurissants… Et quant aux maîtres, faut-il être un gogo pour adhérer à pareilles aberrations. On se dit supérieur en application du principe cartésien « Je pense donc Je suis »… Et bien on devrait peut être se mettre à penser un peu plus fort…. Il n’y a pas besoin d’être prix Nobel de science pour comprendre que le chien vit dans un monde sensoriel différent du nôtre…. Ainsi pour exemple : il ne se sert pas de ses yeux pour identifier… Il se sert de son nez (voir la mimi qui ramène n’importe qui à la maison avec une chemise de nuit)… Suite à plusieurs milliers d’années d’évolution sa vue a été structurée par les nécessités de la survie ce qui passe par la chasse donc avant tout par la perception du mouvement qui révèle la présence d’une proie potentielle. … Le chien est capable de voir une brindille qui bouge dans l’herbe au fond du jardin, et va donc donner l’impression d’aboyer dans le vide, lui voit le mouvement de l’herbe et vous pas… Son œil regarde un drôle de monde, dans lequel ses repères sont minimaux contrairement à nous où la vue est fondamentale… Il compense… Ainsi s’il vous identifie en tant que maître à votre approche, sachez que c’est d’abord par votre odeur, puis votre voix et vos allures neurolinguistiques, entendez votre gestuelle corporelle… Normal puisqu’il est sensible aux mouvements… Les cinq sens sont la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat, et le goût. ... Outre que ceux du chien ne fonctionnent pas comme les nôtres, pour ma part je lui attribue un sixième sens… Un exemple au hasard, mais je pourrais vous en citer cent : quand on brosse son chien, on se rend compte que sa fourrure est pleine d’énergie statique (Electrique ? ou je ne sais trop comment appeler cela)… Nous-mêmes, êtres humains, c’est une énergie électrique qui fait fonctionner notre corps. D’ailleurs si notre coeur s’arrête, c’est à coup de volt qu’on va tenter de le redémarrer… Je pense que comme tout le monde il vous arrive parfois d’être plus chargé d’une sorte d’énergie qui fait que lorsque vous touchez la voiture ou certaines matières cela crée l’impression d’un petit choc avec parfois étincelle… Il ne me semble pas défier les limites des lois physiques en me demandant si une rencontre électrique humaine + une rencontre électrique animal = un échange invisible entre l’homme et la bête ?… Invisible à l’homme mais pas à l’animal ?… De là à force d’expériences, je considère très sérieusement qu’il pourrait y avoir un phénomène d’antipathie et de sympathie électrique qui fasse que conjugué avec d’autres perceptions (ouie, odorat, visuel, etc.), on puisse déclencher malgré nous et nos bonnes intentions certaines réactions surprenantes chez l’animal, surprenantes pour nous mais parfaitement inscrites dans le monde sensoriel du chien… Le chien serait pour moi très réceptif à des ondes environnantes de nature diverses et pas forcément bien définies par l’être humain… Là franchement la revue des Amis d’Al se dégrade vous allez penser… Et bien pourtant cette théorie que je commençais à élaborer toute seule dans mon coin, je l’ai rencontrée chez un biologiste très réputé, Rupert SHELDRAKE, dont certains titres de ses ouvrages ne manqueront pas d’interpeller votre attention. Alors moi ce que je dis, peut être que cela ne compte pas… Mais quand les biologistes à l’échelle du monde commencent à se gratter la tête, peut être que là vous allez être intéressés… Conclusion de tout cela : La frontière du moment où le chien va devenir dangereux se situe dans l’invisible à nos sens tels que trois millions d’années d’évolution les ont construits. Et garder le contact exclusif avec son chien est pour moi un plus à tous les points de vue, surtout sécurité avec les tiers… Je passe pour une malcommode qui rend dangereux ses chiens alors qu’au contraire je cherche à garder un maximum de réserve de sécurité… Avec le chien nous naviguons dans un monde où on ne voit pas trop clair et où les sympathies et antipathies varient au gré d’odeurs, d’humeurs, de pressions atmosphériques, d’ondes électriques, de mouvements et sans doute d’autres choses qui nous sont étrangères et que le chien lui ressent très bien… On devrait plus souvent en tenir compte et chercher à comprendre plutôt que de se fonder sur des projections comme : Les chiens vivent avec les enfants on va sortir un programme lucratif de cohabitation où le chien, pour être gentil, il faudra qu’il accepte n’importe quoi de l’homme… Voilà donc ce que je pense du débat sur le chien dangereux… Et j’attends bien évidemment la contradiction du lecteur… Car c’est dans le débat des observateurs qu’on trouvera la clef du problème actuel avec le chien à tous les niveaux… Et à mon sens les meilleurs observateurs sont les propriétaires de chiens eux mêmes… Encore faut-il qu’ils admettent enfin que leur chien n’est pas une chose matérielle sur laquelle ils ont tous pouvoirs, mais au contraire un être complet qui, à défaut d’avoir la pensée cartésienne, a bien d’autres atouts pour nous damer le pion… Hélène LECHARPENTIER Pour en savoir plus : Hubert BELOU CHAPELLE, Vivre avec son chien en deux tomes, autoédition 1984 et 1985, http://hubert.belou.free.fr Rupert SHELDRAKE, Ces chiens qui attendent leur maître, éditions du Rocher 2004 |
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Prévention et protection des personnes contre les chiens dangereux Suite aux drames de cet été, une réforme législative a été engagée. Nombreux ont été les clubs de race qui, à l’instar de la société centrale canine, ont pris position en saluant l’initiative gouvernementale, faisant part à leurs adhérents de ce que les mesures envisagées ne toucheraient pas leur race. Erreur, car le Sénat avait voté un amendement, non retenu par l’Assemblée nationale, aux termes duquel, tous les chiens dont le poids serait supérieur à une norme fixée par arrêté ministériel, devraient subir une évaluation comportementale. Outre le caractère inapproprié et précipité de ce projet de loi (cf. CD n°1), nous venons d’apprendre que le président du Doggen Club de France a pris l’initiative de consulter ses homologues des clubs de race du second groupe afin de proposer plusieurs mesures complémentaires (1) à la loi laquelle, au moment de boucler ce numéro, n’était pas encore votée … Ces propositions ont été soumises à l’analyse et à l’appréciation critiques de Laurence BRUDER SERGENT, auteur du livre « la cause des chiens » et d’Emmanuel TASSE, président d’un club de race et animateur du collectif contre la catégorisation des chiens. Pensez-vous que les trois propositions qui ont été émises par le président du Doggen Club, en complément du projet de loi, soient de nature à améliorer la protection et la prévention des personnes contre les chiens dits dangereux ? Ces propositions sont les suivantes : 1. réserver la production
de chiens LOF aux adhérents des clubs de race avec obligation faite
auxdits clubs de fournir aux éleveurs tous conseils et informations
utiles et envisager de rendre le TAN (test d’aptitude naturelle) obligatoire
pour la confirmation ?
_____________________________ 1. Cf. la revue du club français
du Léonberg n° 136, la présidente du club considérant
ces propositions comme étant « intéressantes »
et insistant sur le rôle déterminant et la responsabilité
conjointe du club, de l’acquéreur, du propriétaire et du
naisseur …
Réserver la production de chiens LOF aux adhérents des clubs de race : « cette mesure vise probablement quiconque n’étant pas adhérent à une association de faire naître des chiots de race dogue allemand (ai-je bien compris ?). On peut comprendre que les clubs aient envie de voir leur nombre d’adhérents augmenter et j’approuve la proposition d’information et de formation des naisseurs aux éléments significatifs pour une relation harmonieuse avec un chien. Je m’étonne toutefois du caractère sectaire de la mesure. N’est-il pas envisageable de travailler sérieusement et consciencieusement même en dehors des clubs de race ? D’un côté cela signifie que n’importe qui peut envoyer un chèque pour être adhérent, cela ne nécessitant même pas que son élevage soit performant en termes d’éthique d’hygiène, de conformité au standard, de développement cognitif … puisque chacun fait ce qu’il veut chez soi ; de l’autre côté, cela donne un blanc seing à des associations dont ce n’est pas la mission de valider le comportement du chien ». Envisager de rendre le TAN obligatoire pour la confirmation : « je suis toujours ébahie d’entendre parler du TAN et de la manière dont cela s’organise. Rappelons qu’une aptitude naturelle est instinctive, spontanée, innée. Pourtant on peut préparer son chien au TAN dans certains clubs. Il n’y a rien de plus naturel lorsque l’animal a été habitué (conditionné donc) à se comporter d’une certaine manière dans un contexte particulier ! Le TAN ne garantit absolument rien et ne laisse rien prévoir de ce que le chien sera plus tard. Pas plus que l’évaluation comportementale qui a été votée et ne permettra de prédire un comportement ultérieur. La prévention est le meilleur moyen de limiter le problème en formant, comme je le suggérais, l’éleveur, le maître et les personnes qui vivent au quotidien avec le chien, de même que les professionnels du monde animal que le chien serait amené à croiser dans sa vie (vétérinaire, toiletteur …) Interdire la vente de chiens non LOF par petites annonces : « cette proposition a déjà été émise par Caroline Lanty, la présidente de la SPA parisienne. Il s’agit d’éviter les trafics, d’empêcher l’exploitation des animaux à des fins mercantiles, d’avoir une traçabilité des géniteurs entre autres. L’idée n’est pas mauvaise, mais croyons-nous sérieusement qu’une telle mesure a une chance minime d’être votée ? Ce serait comme demander que les annonces de vente de voitures ou de biens immobiliers ne se fasse que par le biais de professionnels. Je sais qu’il est choquant de comparer un être vivant à un bien, mais la loi française considère les animaux comme des objets dont nous pouvons disposer, la comparaison est donc explicite au regard de la législation. Cela signifie aussi mettre l’animal LOF au dessus de l’animal non LOF. Et qui ira vérifier que si il est écrit LOF dans l’annonce, c’est bien le cas ? Il est facile d’abuser des particuliers qui ne sont pas familiarisés aux us et coutumes du monde canin. On connaît tous le cas d’éleveurs qui proposent eux-mêmes des animaux LOF et d’autres non LOF, selon les moyens financiers de l’acheteur, le besoin de l’éleveur de céder rapidement un chien, une éthique peu scrupuleuse. Je pense que ces premières propositions n’auront pas de conséquence sur les agressivités car il est avéré que des éleveurs ayant pignon sur rue sont capables de créer des chiens totalement asociaux. Les manques de socialisation et les mauvais traitements par méconnaissance ou négligence ne sont pas l’apanage des amateurs, les professionnels aussi font des erreurs (et je m’inclus dans ce constat). Le fait d’adhérer à un club ne certifie donc pas que les chiots nés chez un éleveur adhérent soient forcément stables et équilibrés. Il y a aussi parmi les amateurs des personnes de bonne volonté qui ont le souci de stimuler les chiots comme ils en ont besoin et qui se donnent beaucoup de mal pour aider les petits à se développer mentalement de manière adéquate pour une vie en société équilibrée. Je précise qu’en tant que comportementaliste, je n’aborde que la question de l’équilibre mental, je ne traite pas de la santé physique du chien, c’est de la seule compétence du vétérinaire ». Interdire la vente en animalerie de chiots dont le poids adulte dépasse 20 kg : « j’approuve et je vais plus loin : interdiction totale de vente de chiens et de chats dans les magasins. Cette dernière mesure est beaucoup plus intéressante et devient cohérente si l’on supprime la notion de poids. N’importe quel chien peut être rendu agressif. Je vous accorde qu’un chien de trois kilos n’infligera pas les mêmes blessures qu’un molosse, mais il n’empêche qu’il peut occasionner des dégâts irréversibles, surtout s’il mord une partie du visage. Dans ces magasins, les chiots passent tout leur temps enfermés dans les cages et ne sont pas stimulés, sont privés de soins le soir et les week end lorsque les employés ne sont pas disponibles pour s’en occuper, ils sont aussi excités ou harcelés en journée par les personnes qui les admirent derrière une vitre, sans oublier qu’ils viennent parfois de pays de l’Est et ont donc vécu des expériences potentiellement traumatisantes (comme une séparation trop précoce d’avec la mère, un voyage long et parfois sans manger ni boire). Tous ces éléments concourent à former des chiots inaptes à une vie heureuse en famille et donc, favorisant l’agressivité ». Laurence BRUDER SERGENT, comportementaliste, www.comportement–canin.com
Ralph Freyermuth m’a demandé de bien vouloir donner mon avis sur les premières propositions au regard de mon statut (je suis président du club de race assurant la gestion de l’american staffordshire terrier, actuellement en deuxième catégorie) et de mon implication dans la lutte contre les lois sur les chiens dangereux, uniquement fondées sur des critères d’appartenance raciale. Tout d’abord, je constate avec plaisir que les clubs de race du second groupe ont su organiser une concertation entre eux à ce sujet. Je ne peux hélas dans la foulée qu’immédiatement regretter qu’aucun d’entre eux n’ait daigné répondre à mes propositions de travail en commun pour la réhabilitation du Chien (hormis le dogue de Bordeaux, j’en remercie d’ailleurs vivement Madame Tompousky). Sans m’immiscer dans la gestion des autres clubs de race (je n’en ai pas la légitimité et le mien m’occupe bien assez), quelques observations me viennent quant aux propositions en question : Il est proposé d’imposer l’adhésion à un club de race pour pouvoir produire du chien LOF. Il est ainsi fait la comparaison avec la condition d’adhésion pour obtenir un affixe. Parlons-en ! Monsieur X adhère au club le 11 mars, demande son affixe le 12 : le club ne peut aucunement lui refuser l’obtention de cet affixe ! Et bien souvent ce nouvel adhérent … ne renouvelle jamais ! Pire encore, l’appartenance d’une portée de chiens au LOF dépend UNIQUEMENT du statut de chiens LOF et confirmés de ses parents. C’est une vieille règle et rien ne justifierait de subordonner cette inscription à une adhésion à un club de race : ce sont deux choses qui n’ont rien à voir. Enfin, comment peut-on se plaindre des restrictions aux libertés individuelles mises en place par les lois sur les chiens dangereux et, parallèlement, proposer de telles atteintes ? Pourquoi un particulier, passionné, propriétaire de deux sujets LOF et de qualité, devrait-il être adhérent d’un club pour pouvoir produire une portée qui soit reconnue ? … si ce n’est pour lui assurer des adhésions (forcées). La seconde proposition vise à imposer la réussite au TAN pour obtenir la confirmation d’un chien. Je ne connais pas l’ensemble des contenus des TAN du 2ème groupe mais, sauf erreur de ma part, il me semble de toute façon que la quasi-totalité des standards comporte comme point de non confirmation « tout chien ayant un comportement agressif ». Le principe de la confirmation est suffisamment décrié par certains comme étant un moyen pour la SCC (et les clubs qui en récupèrent une quote part) de se mettre de l’argent dans les poches ; il me semble inutile de s’orienter vers une situation où le TAN serait à son tour décrié comme étant un moyen pour les clubs de se mettre de l’argent de côté. Pour conclure, ces deux mesures peuvent laisser la désagréable impression que l’on souhaite rendre les clubs comme « point de passage obligé » pour produire du LOF et pour avoir un chien confirmé. Quand l’on souhaite acheter un chiot, quelle que soit sa race, le club doit être à mon avis effectivement le point de passage obligé : non pas sous la contrainte de mesures réglementaires, mais par la qualité du service qu’il apporte. Car c’est bien de cela dont il est question : un club SE DOIT d’apporter à ses adhérents, à tout acquéreur potentiel, un service de qualité dans un seul but : l’intérêt final du chien. Quant aux mesures visant à limiter le risque lié au chien mordeur ou agressif, elles ne peuvent être développées ici, faute de place (peut être une autre fois), mais sont simples : meilleure conditions d’élevage des chiens (ET valorisation par les clubs des éleveurs de qualité), meilleures conditions de détention par les maîtres et meilleure information du public, des maîtres, des « victimes potentielles ». Emmanuel TASSE, président du CFABAS |
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